jLa quinzième édition de la Conférence des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (Cop 15), tenue du 9 au 20 mai 2022 à Abidjan (République de Côte d’Ivoire) a connu la participation remarquable du consortium Benkadi. Le lundi 16 mai, les parties prenantes à cette initiative,  ont organisé un panel portant  sur le plaidoyer comme outil d’amélioration de la résilience des communautés face aux chocs climatiques.

Le programme Benkadi a été à l’honneur de ce Side Event[1], présenté par le chargé de projet de la Côte d’ Ivoire. Pour Rappel, Benkadi est un programme sous régional, dont  l’objectif est d’améliorer l’efficacité des politiques publiques en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Mali; par une plus grande participation citoyenne, y compris celle des jeunes, des femmes et des personnes handicapées. La mise en œuvre du projet est déclinée dans chaque pays suivant les objectifs définis.

L’approche participative, comme solution à la dégradation continue

Après la présentation du programme Benkadi,  Georges Bazongo, directeur des programmes de Tree Aid, a fait un exposé sur l’expérience de son organisation concernant le rapport sur la neutralité de la dégradation des terres (LDN). Il ressort de son exposé qu’entre 2002 et 2013, ce sont environ 51 600 km², soit 19% du territoire national Burkinabé, qui ont subi une dégradation. Ce qui donne une moyenne de   110 000 ha de terres dégradées annuellement.  Sans toutefois être une fataliste, il affirme que des solutions à cette dégradation progressive des terres existent fort heureusement. Parmi elles, figure l’approche participative à travers la concertation et la confiance entre les agents forestiers, les populations locales et les acteurs professionnels. Cette approche a produit des résultats probants. « Sur le volet social, il y a eu la mise en place d’instances locales de gestion des forêts, la promotion du dialogue social permanent ; une réduction des conflits liés à la gestion des ressources des forêts de 60 à 100 % dans les communes bénéficiaires », explique M. Bazongo. Poursuivant son argumentaire, il estime qu’au plan économique, ce sont 365 entreprises forestières villageoises (Efv) qui ont été créées autour de la valorisation des produits forestiers non ligneux. Ce qui a généré 10 950 bénéficiaires dont 79,6% de femmes. Malgréles performances obtenues, des défis subsistent. Il s’agit de l’adoption des textes d’application de la décentralisation dans le secteur forestier, l’harmonisation de tous les textes sur le foncier rural, le changement institutionnel et le mouvement des agents ainsi que la mise à l’échelle des résultats et des investissements.

Both Ends : organiser les communautés pour reverdir 200.000 ha

En ce qui concerne, M. Soumana de Both Ends Connecting, il soutient que l’agroécologie et l’agroforesterie sont des alternatives stables à la gestion durable des terres au Sahel. Au Niger, des communautés se sont engagées à travers le projet ‘’ reverdir le Sahel’’. Les activités sont mises à l’échelle de la restauration nationale des terres, avec pour objectif de reverdir 200 000 ha de terrains par les communautés locales. Cela a consisté à l’organisation des producteurs autour d’institutions villageoises de gouvernance de la Régénération Naturelle Assistée (RNA); le renforcement des capacités des producteurs par des paires formateurs au cours des ateliers, des assemblées générales ainsi que des concours pour primer les champions en matière de la pratique de la RNA.

Mettre à l’échelle les initiatives de la société civile pour éviter le cycle dégradation-restauration-dégradation

Ce panel a permis aux participants de passer en revue les différentes expériences développées par la société civile en Afrique en matière de gestion durable des terres, dans la gouvernance environnementale et dans  la gouvernance climatique, qui ne demandent qu’à être mises à l’échelle. C’est justement dans ce sens que le modérateur du panel Sylvestre Tiemtoré, a laissé entendre que «la question de la déforestation n’est pas une fatalité parce que nous avons des méthodes qui permettent soit de la stopper ou de remettre la forêt en l’état. Enfin, il faut reconnaitre que ces bonnes pratiques demandent à être partagées. Il faut aussi travailler sur la question du paiement des services environnementaux. Il faut permettre aux populations de vivre du fruit de leur travail et de ne pas retomber dans le cycle de dégradation-restauration-dégradation».  

Maintenir le cap pour des résultats au bénéfice des communautés

Manon Albagnac de l’ONG Cari a, quant à elle, demandé aux différents acteurs de maintenir le cap pour des résultats au bénéfice des communautés. Manon Albanac donne rendez-vous aux acteurs engagés dans la lutte contre les changements climatiques en octobre prochain en France, où se réuniront 16 pays pour faire le bilan des conclusions de la COP et suivre la mise en œuvre des grands engagements.

De Victor Komondi

Expert Communication et Plaidoyer

Projet Benkadi Burkina Faso

Mail: victorkom@gmail.com


[1] Le sideevent (événement parallèle, organisé à la marge) est une manifestation courte (1h30) qui peut prendre la forme d’une table ronde

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