Les ONG, Associations de Développements et Fondations œuvrant dans l’Agriculture, l’Environnement, la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AESAN) ont organisé ce jeudi 13 octobre, un atelier suivi d’une conférence de presse. Face à la presse, la coalition a présenté les voies nationales choisies pour parvenir à des systèmes alimentaires durables, ainsi que la feuille de route proposée par les OSC pour leur opérationnalisation, afin de faire de la souveraineté alimentaire une réalité au Burkina Faso.

Les journalistes ont suivi avec attention la déclaration liminaire

Déclaration liminaire

Mesdames et messieurs les professionnel-le-s de la presse,

Nous voudrions, dès l’entame de cette conférence de presse, vous dire merci d’avoir répondu à notre invitation.

La présente déclaration portera sur trois grands points : (1) Contexte, (2)Des engagements de toutes les parties prenantes, (3) Les perspectives.

(1) Contexte

« Les petites villes se développent rapidement. Il est très important de veiller à ce que les agriculteurs s’engagent dans des pratiques agricoles durables afin de garantir l’accès à des aliments sains et nutritifs et de créer des partenariats efficaces et inclusifs entre les zones rurales et urbaines » avait déclaré Dr. Kakoli Ghosh, de l’Équipe de gestion de l’agriculture durable de la FAO le 21 octobre 2019 à Saly (Sénégal) lors de l’atelier régional Ouest Africain autour de l’entreprenariat agricole par les jeunes pour des systèmes alimentaires ruraux et urbains durables en Afrique de l’Ouest. Dans la même dynamique, en octobre 2019, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lançait un appel pour organiser un Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

De manière générale, de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne sont particulièrement vulnérables aux retombées de la guerre en Ukraine, notamment en raison de la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Cette situation vient aggraver les difficultés accumulées durant la pandémie de la Covid 19. Les prix élevés des carburants ont un impact sur les coûts de transport et se répercutent sur les prix des denrées alimentaires acheminées sur les marchés locaux. L’objectif de ce Sommet qui a eu lieu en Septembre 2021 était de :

  • faire progresser l’exécution de l’ODD2[1] (éradiquer la faim),
    • sensibiliser l’opinion et éclairer le débat public, et
    • formuler des principes pour guider les pouvoirs publics et autres parties prenantes pour transformer les systèmes alimentaires.

Ce sommet devrait donc participer à façonner une vision commune des systèmes alimentaires durables, et à orienter les fonds publics qui y sont liés au cours des prochaines années.

Au Burkina Faso, cet évènement important a été préparé de la manière la plus participative possible avec l’ensemble des acteurs du domaine notamment les Organisations de la Société Civile, lors des concertations nationales qui ont lieu en Juin-Juillet 2021. Notons que ces concertations nationales ont été organisées sous l’égide du premier ministère avec l’implication forte de certains départements publics en charge du secteur agro-sylvo-pastoral. L’analyse des systèmes alimentaires montre que ceux actuels, malgré les grandes potentialités dont dispose le Burkina Faso, ne permettent pas d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population burkinabé et les facteurs explicatifs sont multidimensionnels dont entre autres :

  • malgré le fait que les moyennes des taux de dépendance d’importation (TDI) des produits végétaux et produits animaux sur la période 2013-2019 semblent faibles (ils sont respectivement de 8,7% et 7,9%) ils cachent des disparités importantes[1]. A titre d’exemple le TDI moyen du blé et farine de blé était de 95,8% pendant cette période. Celui du sucre de 72,81%, huile de palme 97,6%). Le Burkina Faso est donc fortement tributaire du marché international et des hausses des prix liés ;
  • la croissance démographique et la concentration urbaine induisant un accroissement rapide et une diversification de la demande ;
  • le régime alimentaire est déséquilibré avec une malnutrition chronique persistante ;
  • l’insuffisance de la fluidité des échanges entre les régions associées à l’augmentation de la pauvreté extrême ;
  • le faible niveau d’éducation des populations;
  • la pollution de l’environnement, voire la perte de certaines ressources naturelles ;
  • la transformation alimentaire saisonnière et peu développée;
  • la mauvaise qualité des aliments à cause de l’utilisation anarchique des pesticides pour la production, de produits dangereux comme le carbure pour les fruits, des mauvaises pratiques agricoles favorisant la contamination à l’aflatoxine, etc. ;
  • l’insécurité, la crise sanitaire (COVID) les conflits fonciers et communautaires, les changements climatiques.

Ce constat montre que les systèmes alimentaires actuels ne permettent pas d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population burkinabé. En prélude au sommet, les concertations nationales ont été organisées autour des thèmes suivants :

a. Les politiques nationales encouragent une production durable et une consommation d’aliments diversifiés, sains et nutritifs.

b. Les dynamiques de production, de diversification, de transformation, de fortification/ enrichissement, de conservation/stockage et de commercialisation

La forte mobilisation des acteurs œuvrant dans l’AESAN

(2)Des engagements de toutes les parties prenantes

L’analyse des thèmes cités ci-dessus a permis de dégager les voies nationales préliminaires lors des différentes concertations au niveau national.

Les principaux engagements sont :

  • La constitutionnalisation du droit à une alimentation saine diversifiée et équilibrée et dans ce cadre mettre en œuvre les Initiatives phares du Président du Faso portant sur la production de « Un Million de Tonnes de Riz par An et assurer à chaque enfant en âge scolaire au moins un repas équilibré par Jour»;
  • La réduction des émissions des gaz à effet de serre de 29 % à l’horizon 2030 ;
  • La promotion des pratiques agro écologiques sur au moins 30% des emblavures à l’horizon 2040 ;
  • L’accroissement des superficies irriguées et le taux d’accès de TOUS à l’eau potable;
  • L’allocation annuelle de 1% du budget national à la recherche et 10% exclusivement aux investissements dans le secteur agricole ;
  • L’utilisation des biotechnologies modernes dans la production et valorisation des produits alimentaires locaux ;
  • Le renforcement de l’assistance humanitaire ;
  • L’appui aux maillons de la transformation, du transport, du stockage et de la commercialisation et assurer le contrôle de la qualité sanitaire des aliments.
  • (3) Les perspectives

Au regard de ce qui précède, il est donc nécessaire de poursuivre les actions suivantes en guise de perspectives. Ce sont :

  • Poursuivre les échanges avec le premier ministère pour la mise en œuvre des engagements portant notamment sur la constitutionnalisation du droit à une alimentation saine diversifiée et équilibrée, la promotion des pratiques agroécologiques, etc. ;
  • Adopter la stratégie nationale de développement de l’agroécologie au Burkina Faso et financer son plan d’action ;
  • Impliquer d’avantage les organisations de la société civile Burkinabè pour un meilleur suivi des engagements ;
  • Interpeller les décideurs politiques à travers les canaux de communication dont les conférences de presses etc…

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